Le gouvernement haïtien a franchi une nouvelle étape dans sa riposte contre les groupes armés. Pour la toute première fois, des drones kamikazes ont été utilisés à Kenscoff, une commune de montagne située au sud-est de Port-au-Prince, tombée depuis plusieurs mois sous le contrôle des gangs. Cette opération d’envergure, menée sous l’impulsion directe de la Primature, marque une escalade technologique dans la stratégie sécuritaire de l’État.

Depuis fin février, les drones kamikazes avaient été déployés exclusivement dans les quartiers les plus violents de la capitale, notamment à La Saline, Grand-Ravine et Cité Soleil, bastions de puissants chefs de gang tels que Jimmy “Barbecue” Chérizier et Izo “5 Secondes”. Mais jusqu’à présent, Kenscoff n’avait jamais été ciblée par ce type de dispositif.

Selon des informations rapportées par des sources proches de la Primature, l’opération s’est déroulée samedi après-midi. Huit drones explosifs ont été lancés contre des positions occupées par les bandits dans les localités de Belot et Godet. Les engins ont visé des caches d’armes et des points de surveillance installés par les gangs, semant la panique au sein des groupes armés.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a salué cette action comme une étape décisive vers la restauration de l’autorité de l’État. « Nous ne laisserons aucun groupe armé s’enraciner durablement dans une commune de la République. Kenscoff sera reprise, comme tous les autres territoires abandonnés par la peur », a-t-il déclaré.

Cette intervention symbolise un tournant dans la reconquête territoriale. La Primature veut désormais démontrer que plus aucun espace ne sera laissé aux gangs, qu’ils se trouvent au cœur des bidonvilles ou dans les zones montagneuses jusque-là négligées.

Après cette frappe, une question revient avec insistance : quand viendra le tour de Mirebalais et de Saut-d’Eau ? Ces deux villes du Plateau Central, stratégiques par leur position géographique, sont aujourd’hui largement infiltrées, voire dominées, par des groupes armés. Elles figurent désormais parmi les nouveaux territoires perdus, selon de nombreux observateurs.

Les habitants de Mirebalais et de Saut-d’Eau, qui vivent quotidiennement sous la menace et l’extorsion, attendent une réponse ferme de l’État. Si Kenscoff a reçu une attention gouvernementale, les regards se tournent désormais vers ces deux communes. La pression monte : la population réclame que les drones utilisés à Port-au-Prince et Kenscoff soient également envoyés là où les gangs continuent de terroriser, en toute impunité.

La guerre contre l’insécurité est lancée. Mais pour qu’elle soit crédible, elle doit s’étendre à tous les coins du territoire.